vendredi 18 janvier 2013

Armstrong, ou le mythe d’Icare revisité

Nous avons tous entendu parler du mythe d’Icare. Ce héros de la mythologie grecque s’est brûlé les ailes en s’approchant du soleil. Elles ont alors fondu, et il est tombé dans la mer qui porte désormais son nom, la Mer Icarienne.
Ce mythe aborde bien sûr la question de la condition humaine, qui se refuse à elle-même en essayant de voler au-dessus de ce qu’elle est.
Elle aborde aussi la question de la relation père-fils. Icare était le fils de Dédale. Celui-ci lui avait bien conseillé de ne voler ni trop haut – par crainte de la chaleur du soleil – ni trop bas – par crainte de l’humidité de la mer – ses ailes ne pouvant supporter ni l’une ni l’autre.
Icare n’a pas respecté les consignes paternelles, et on sait ce qu’il lui est arrivé.
Lance Armstrong me fait penser à un Icare moderne.
 
Attiré par le jaune soleil de son maillot, le Dieu du cyclisme a utilisé les ailes du dopage pour refuser sa condition d’homme et de sportif.
Désormais brûlants, il a été contraint de se défaire de ses maillots soleil. Par ses aveux, il a fait apparaitre la face cachée de la lune. A l’inverse de son illustre compatriote, ce petit pas pour lui ne sera pas un grand pas pour l’humanité, mais à l’évidence un grand rétropédalage pour le sport.
Pourquoi cet homme – et avec lui bien d’autres – a-t-il ressenti le besoin de se doper ?
Pour gagner naturellement.
Mais à refuser sa condition d’Homme – qu’il avait pourtant su conserver grâce à sa victoire contre son cancer des testicules – il se retrouve déchu.
Aujourd’hui dans le sport de haut niveau, il faut avoir des couilles pour être un homme normal et non dopé. Il faut être fort pour refuser d’avoir les capacités d’un demi-dieu, pour accepter de ne jamais être considéré comme un dieu.
Je tire mon chapeau à ceux qui malgré le chant des sirènes, refusent de prendre la roue du dopage. Pour eux, aucune Mer à leur nom. Mais l’assurance de ne jamais mourir noyé dans une Mer de honte et d’opprobre.
Et l’espoir peut-être de refaire du sport ce qu’il doit être : un jeu d’Hommes, qui essaient de toucher les limites de leur humanité, sans essayer de les dépasser.

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