A tout seigneur, tout honneur. Parlons donc de la barbe. Cette réminiscence poilue est ce qu’il nous reste d’un passé simiesque si proche, que la roue de la Vie a du mal à le distinguer du présent.
Nous nous vêtissons, nous nous rasons, nous nous parfumons mais rien à faire : chaque nuit Mère Nature reprend ses droits ! Chaque nuit le loup garou qui sommeille en nous refait surface à travers ces poils animaux qui réapparaissent sur notre visage.
Devant cette fatalité et un miroir embué de salle de bains, chaque matin l’homme passe sa main sur son visage et se demande ce qu’il doit faire.
Doit-il museler cet animal qui est en lui, à coup de lames et de tondeuses ? Doit-il simplement le dompter en offrant à cette pilosité ressuscitée une apparence de raffinement, qu’elle soit faite d’arabesques ou de simples lignes droites ?
La question peut paraitre triviale, et de fait elle l’est.
Mais elle contient dans ses follicules l’ADN d’une exigence. Celle de se réinventer en tant qu’homme chaque matin.
Le choix d’accepter ou non cette propagation pileuse en dira long sur vous au cours de la journée, des semaines, des mois, qui suivront.
Etes-vous sérieux, propre sur vous-même ? Etes-vous minet ou joli cœur ? Control freak ou débonnaire ?
Ce poil vient de l’intérieur et pousse vers l’extérieur. Il en dit long sur votre personnalité et, peut-être, un petit peu sur votre âme. Sur ce que vous êtes, ou sur ce que vous projetez. Il peut vous cacher ou vous révéler, faire de vous quelqu’un d’hirsute ou de soyeux.
Alors chaque matin, ôtez de ce miroir et de votre esprit cette buée, et posez-vous la seule question qui vaille : quel homme serai-je aujourd’hui ?
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